Le changement, c’est maintenant
Qu’est-ce qu’il a mal vieilli ce slogan, dis donc. J’ai hésité à l’utiliser en titre vu que ce slogan a, pour moi, quelque chose de grotesque mais il colle bien avec ce que j’ai envie de raconter. Oui, je souhaite vous parler de changement car la semaine dernière, je soupirais sur le fait qu’il semblait impossible de changer. Pourtant, si je me penche deux secondes sur ma propre vie, je n’ai que des contre-exemples. Et oui, j’ai changé. Et pas qu’un peu.
D’ennemie jurée du vélo à cycliste
Automne 2023. Excédée par mon épuisement au bout de vingt minutes de vélo, je délivre la terrible vérité à mon cher et tendre : je déteste faire du vélo. Ca m’épuise, ça me coupe les jambes. Chaque perspective de trajet en vélo assombrit mon humeur. Cependant, je teste un ultime truc. Et si le souci, c’était mon vélo ? J’en achète un neuf et… ah ben oui, c’était bien le vélo le problème. Désormais, j’enfourche ma bécane rouge à la moindre occasion. Je ne prends quasi plus le tram. Cet été, je profite d’un passage à la bibliothèque pour me rendre à a pharmacie située à une dizaine de minutes à pied de chez moi. Et le trajet à pied m’a saoulée. A ce moment précis de l’histoire, je me suis dit que j’aurais dû prendre mon vélo… Oh damn, je suis devenue cycliste.
Si j’arrête de faire du vélo plus de trois jours, il me manque
Et vraiment, la grande marcheuse que je fus ne ressent plus de plaisir à marcher. Enfin, si, j’aime toujours marcher en forêt, dans des villes que je découvre… ou juste sur des trajets sympas. Mais le pur trajet fonctionnel dans des quartiers sans intérêt, sur des trottoirs de 3 cm de large, potentiellement squattés par des bagnolards de type “roh, ça va, j’en ai pour deux minutes”. Bof… Dans ces cas-là, le vélo, c’est mieux. Pire. Aujourd’hui, dès que je laisse mon vélo rangé plusieurs jours d’affilée, ça… oui, ça me manque. Je suis devenue une cycliste à part entière. Une cycliste qui y va à la cool, certes. Mais au moment de choisir mon moyen de transport, je réalise que j’ai plus la flemme d’attendre le tram que celle de pédaler.

Une question d’habitude… et de volonté
Le changement est possible, oui. Quel que soit notre âge, d’ailleurs. Tout n’est question que d’habitude… et de volonté, certes. Dans ma vie rêvée de lève-tôt, je coupe les feux à 23h pour me lever fraîche comme la rosée dès 6h du mat. Nous avons essayé d’orienter nos habitudes pour tendre vers ça. Mais une fois plongés dans nos occupations, on ne tient pas la promesse. Parce que changer les habitudes ne peut se faire sans volonté. Je parlais de régime la dernière fois, reprenons cet exemple. Le plus dur, dans le régime, c’est de ne pas craquer. Pourquoi ? Parce que personne n’a la volonté de se nourrir de légumes à l’eau sur du long terme. Et qu’on ne sait pas, pour la plupart d’entre nous, sublimer correctement les goûts. Et on a assez peu de temps à consacrer à la cuisine. Ah, le tempo effréné de nos vies modernes.
Le sport, ce truc qui ne m’intéressait pas
Mais tout ça peut changer. Par envie ou par hasard de la vie. Je suis devenue cycliste parce que c’est le plus pratique pour moi. Je n’avais pas tant la volonté que ça. Par volonté, je suis devenue sportive alors que j’avais tout de l’éponge toute molle dans mes premières années d’adulte. Pas par amour de la performance. Plutôt celui de me sentir bien dans mon corps. Réguler correctement mes énergies. Aujourd’hui, le sport a une place non négligeable dans mon planning. Changer, c’est possible, oui.
Trop vieille pour changer
Alors pourquoi ça nous parait si compliqué ? Pourquoi sombrons-nous dans ces croyances que tout changement est impossible ? Alors parfois, c’est un pur manque de bonne volonté. Le fameux “je suis comme je suis et c’est pas à mon âge que ça va changer”. Mmm, si on considère que les apprentissages, quels qu’ils soient, ont un effet sur la plastie de votre cerveau chez tous les Humains, à tout âge, il me semble évident que le changement est possible chez toutes et tous. Et pourtant, quelque chose nous bloque. Quelque chose nous fait croire que ce n’est pas pour nous. Moi, par exemple, je rêve de savoir peindre et/ou dessiner mais je suis incapable de me lancer. Je ne vois que gâchis de matériel alors que je sais que le résultat sera tout pourri car je suis nulle en arts plastiques.
Mes ennemies ? Les croyances limitantes
Ah, attendez ! Que viens-je de dire ? Que je suis nulle. Mais attends, est-ce que ce ne serait pas une croyance limitante, ça ? Mais bien sûr que si ! N’est-ce finalement pas là le principal frein à nos changements ? Cette petite voix vicieuse qui nous convainc de notre échec prochain ? Une prophétie quasi auto-réalisatrice. Moi, je suis persuadée que c’est notre plus gros boulet au pied sur la voie du changement. Et c’est logique quand on y pense. Pourquoi veut-on changer ? Pour devenir une meilleure version de nous-mêmes. C’est le principe même de tout “développement personnel”. On veut s’améliorer sur ce que l’on perçoit comme nos points faibles ou rajouter quelques cordes à notre arc. J’ai envie de savoir dessiner car c’est un art auquel j’accorde beaucoup de valeurs. Je n’ose me lancer car je suis sûre que je vais échouer. Parce que je suis maladroite et souillon. Je vous mets le petit paquet d’auto-jugement négatif. Je parle tout le temps de me mettre au running mais je le fais pas de peur de me ridiculiser. Aux yeux de qui ? Les insectes qui peuplent le parc ?
Mes talents ne sont pas pur hasard
Surtout que, au pire, il va se passer quoi ? Je rate mon dessin ? Il est assez peu probable que je me lance directement sur une toile enduite qualité premium à 100 balles l’unité. Je vais pas partir directement sur des crayons de couleur Faber-Castell à 200 balles la boîte de 120 crayons. Idem pour le running. Je vais pas investir directement dans de super baskets top rebondissantes, amortissantes et je sais pas quoi à plusieurs centaines d’euros. Après, je suis sans doute biaisée ici par la légende du talent. Vous savez, celle qui dit qu’on serait né, tous autant que nous sommes, avec notre petit package de dons. Moi, je suis forte en écriture, je joue pas trop mal la comédie et je chante bien, même sans grande technique. Mais je n’ai pas de talent pour le dessin, la danse ou le sport, en général. Et comme je me convaincs très vite de mes forces et faiblesses, je ne challenge rien. C’est sûr que quand on essaie pas, on ne risque pas de se découvrir des compétences insoupçonnées. Alors que mes talents susnommés ne sortent pas de nulle part non plus. J’écris bien parce que je lis beaucoup et que j’écris à minima mille mots par jour. Je chante bien parce que plus jeune, j’écoutais beaucoup de musique et que je chantais très souvent. Même si, aujourd’hui, je souffre d’une surdité moyenne, je suis équipée pour palier ça et en plus, comme m’a dit mon audip-prothésiste, “Vous êtes bien câblée, vous reprenez l’intonation de ce que vous entendez”. Ce qui doit expliquer mes talents en présentation orale et en jeu d’actrice au passage.
Apprendre, ça me stimule le cerveau
La bonne nouvelle, c’est que les câblages, ça peut évoluer. Raison pour laquelle, d’ailleurs, je suis auditivement assistée. Et que ma surdité relative tardive n’a aucune incidence sur mon élocution. A l’âge d’apprendre à parler, j’entendais. Je ne déforme donc pas les sons quand je parle. Et en m’appareillant tôt, je ne les perds pas. Actuellement, je suis en apprentissage. Devenir data analyste, c’est apprendre un nouveau langage. Des nouveaux langages même puisque je progresse sur Python et SQL en parallèle. Sauf que ce ne sont pas des langages parlé où on cherche à exprimer quelque chose mais plutôt à appliquer une méthode. Qu’est-ce que je veux faire, comment je le traduis en ligne de commande ? Et j’ai vraiment l’impression que les zones de mon cerveau sollicitées ne sont pas celles que j’ai l’habitude de stimuler. Que des liaisons synaptiques se créent. Ce qui me motive à apprendre plein de choses. Comme les échecs ou l’espagnol. Le piano, pourquoi pas. En plus, le piano, y a un mélange d’apprentissage physique et intellectuel.
Ne plus avoir peur de changer
Alors oui, on peut changer. Pour celà, il faut en avoir envie. Oui bah, c’est con dit comme ça mais si on essaie de changer pour de mauvaises raisons, l’échec sera forcément au bout du chemin. Ensuite, intégrer le changement à vos habitudes. Mais surtout, surtout, faites taire vos croyances limitantes. Je suis persuadée qu’on peut tous apprendre des choses. Qu’on vaut plus que ce que l’on croit. Par exemple, la semaine dernière, nous avons fait un peu de maths en formation Data et un mec était en PLS. Tu sentais le gars à qui on a toujours dit qu’il était nul en maths, un cas désespéré. Ah ben c’est sûr que si on te répète ça, tu vas devenir un cador de la discipline. Bref, je lui ai rappelé que vu ce qu’il arrivait déjà à faire en data analyse, il ne devait pas se laisser impressionner par le mot “maths”. Finalement, ce n’est que question de choisir la bonne fonction pour arriver à un résultat. Et ça, il sait faire.



