Une sensation, comme une bulle de savon
Titre un peu nul mais j’aime bien les bulles de savon. Rien que le mot savon me met de bonne humeur. Mais tel n’est pas le sujet. Aujourd’hui, je veux évoquer avec vous ma tentative de tromper mon cerveau pour me sentir mieux dans ma vie et notamment le volet du temps. Oui, c’est ma grande obsession. Donc comment avoir la sensation d’avoir du temps ? Petite recette.
Courir après le temps
Si je devais résumer ma vie, je dirais que je cours. Tout le temps. Pas avec des baskets au pied et la respiration rythmée, non, ça, ça m’ennuie et ça fait mal au dos. Non, je cours après le temps. Il y a des moments, je croule tellement sous les trucs à faire que je me sens en asthme mental. Curieusement, c’est souvent le travail qui me vole mon oxygène. Reportings sur reportings, bilan sur bilan, recommandations, “tu peux faire ci”, “tu peux m’envoyer ça”. Et puis parfois, il y a les obligations de vie aussi. Les courses, le ménage, les démarches. Tu en viens à un point que même les trucs cools comme voir les copains te paraît un poids insurmontable. Mon semainier dégueule, mon agenda est saturé. Et je pense alors à cette vie rêvée qui ne peut être mienne, celle où j’écris 25 pages de roman par semaine (je n’y suis jamais arrivée, surprise !), où je fais du paper art et des trucs en perle à écraser et de la piscine, de la danse, du stretching. Ces moments où je hais ma vie car elle semble ne jamais être parfaite, la surcharge ne semble jamais devoir s’arrêter.
Combattre l’asthme mental
Et c’est pas faux (surtout le boulot). Alors en attendant que ça se calme, on va tromper le cerveau, ça permettra de se détendre et de ne pas péter un câble. Parce que le pire, dans l’asthme mental, c’est tout l’air qu’on avale en pensant qu’on manque d’oxygène alors qu’on devrait souffler. En décodé, ça donne : j’ai tellement à faire que je panique et tout ce temps que je panique est gaspillé en vain. Alors il faut donner de la zenitude au cerveau, lui dire “calme-toi, regarde ce que tu peux faire”. Je n’ai pas de recette miracle dans l’absolu, c’est à chacun de choisir son patch mais voici ma recette :
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Marcher
Prendre le temps, c’est se balader. C’est descendre à une gare située à quasi trente minutes du boulot pour finir le trajet à pied (vs quinze pour la plus proche). C’est se promener après avoir déjeuné. Prendre l’air à tout prix. Ca pourrait être une petite séance de jogging mais cf ma remarque plus haut : je n’aime pas ça et surtout, marcher, c’est prendre le temps. Prendre un cygne en photo ou une jolie fleur, se promener le nez au vent, écouter de la musique. On n’est pas dans la performance mais dans l’évasion.
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Méditer
Bon, ça, je suis pas encore au point mais je dois arriver à voler 15 mn de mon temps pour le faire. Parce que quand je le fais, ça fait du bien. J’utilise Pause, la voix de la fille m’agace un peu mais ça permet de prendre le temps de respirer et de s’enfermer cinq ou dix minutes. Sortir de son écran, mmm…
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Faire de vraies pauses
Courir après le temps, c’est considérer que chaque minute est précieuse et qu’on n’a pas le luxe d’en gaspiller une. Et c’est faux. Ne pas s’arrêter prendre une respiration, une vraie respiration, c’est s’étouffer. Là, c’est vraiment le plus difficile car il faut lâcher prise et je suis NULLE A CA. Prendre un petit quart d’heure pour aller écrire un peu, siroter un thé… oui, je passe au thé car le café est trop associé à l’efficacité, au speed. Le thé, c’est ma boisson de vacances par excellence, avec l’eau citronnée glacée aussi (pas pour le côté “l’eau citronnée, ça fait maigrir”, juste parce que je trouve ça délicieux). C’est difficile de s’extraire de son ordinateur au travail, on n’est pas censés le faire. Sauf que personne ne peut être efficace sur trois à quatre heures d’affilée, il faut lâcher.
La sensation d’avoir le temps
Et tout ça donne la sensation d’avoir du temps. Quand on court comme une dératée, on s’épuise vite, il faut savoir ménager ses forces. Apprendre à assumer son rythme car faut arrêter avec cette hypocrisie de “tu es assis.e à ton poste, tu travailles”. La blague. Je suis 1000 fois plus efficace en télétravail quand personne ne me voit qu’au bureau où je peux perdre une heure voire deux (surtout l’après-midi) en mode “bon allez, je m’y mets, là… attends, qui dit quoi sur Twitter… bon allez, je m’y mets. Ah attends, je check mes mails persos, des fois que… etc. Bon, allez, je m’y mets… tiens, y aurait pas des cours de n’importe quoi dans le coin…” Comme je suis assise à mon poste sans moufter, on pourrait tout à fait croire que je travaille. Il faut juste avoir l’audace d’aller se sortir régulièrement de là pour respirer. Pour donner l’impression au cerveau qu’on a le temps, que rien ne presse. Parce que souvent, se presser, c’est se tromper.
Et vous, vous avez une petite astuce “cerveau en pause” ?