Noël, c’est le bal des injonctions
Carrément. Bim bam boum comme dirait une chanson fort populaire depuis deux ou trois semaines. Depuis que j’ai décidé que je deviendrai coach de vie si je me faisais licencier de ma boîte, mes abonnements Youtube regorgent de vidéos de ce type. Mes recommandations aussi. Et les Youtubeurs, c’est comme les journalistes (et les quelques blogueurs qui persistent), il y a des marronniers qu’on ne peut éviter. Genre Noël et ses repas de famille, son déluge de bouffe… le tout servi avec une bonne rasade de culpabilisations. Les injonctions de Noël, c’est parti !
La minceur, même pendant les fêtes
La première, la plus évidente : ne pas grossir. Ohlala, faites gaffe, pas trop d’alcool et attention à la bûche, hihi. Hé oui, pas de vacances, pour les régimeuses, hihi. Alors bon, déjà, les régimes, bon, voilà… mais surtout. Se faire plaisir, c’est vraiment interdit ? Evidemment, on va éviter de se péter le bide et attention à l’alcool si vous conduisez juste après mais sinon, lâchez-nous, lâchez-vous. J’ai toujours considéré qu’on pouvait se faire plaisir à de bonnes occasions. Par exemple, par rapport à mon octobre sans dessert et le fait que je n’en mange plus depuis, je ne fais qu’exception qu’en cas de fête. Ou de lunch très très léger fourni par l’éditeur qui t’offre une formation. Alors je vous l’annonce sans rougir : je vais en manger de la bûche… si j’ai encore faim. Et je vais même pas sortir des complaintes à base de “houloulou, je mange encore un bout de bûche mais ce sera vélo elliptique à la rentrée, hihi”.
Perso, je m’en fiche un peu de qui mange quoi mais le nombre de contenus que j’ai pu voir sur le “craquage” des fêtes à base de comment l’éviter, bla bla bla. Parce que les injonctions, elles aiment pas trop ça, qu’on kiffe la vibe. Tout épicurisme,hédonisme, jouissance de l’instant présent ou appelez ça comme vous voulez, semble tellement condamnable… A un moment, si vous flippez à l’idée de prendre deux kilos, c’est que je pense qu’il y a un gros truc à régler. Et c’est une meuf d’1m56 qui dit ça (chez nous, les petites, un kilo de plus ou de moins, ça se voit).
Et les traditions de Noël qui ont deux ans d’existence ?
Mais si le repas est l’injonction la plus évidente, l’ensemble des fêtes est un empilement limite absurde de traditions sorties un peu de nulle part. Le téléfilm de Noël, Mariah Carey, les films de Noël, les pulls de Noël… je me sens très à côté de la plaque, là. Depuis quand ? Je sais bien que la culture américaine nous imprègne de tous les côtés mais d’où on peut parler de tradition ? Mater un dessin animé Asterix plus vieux que toi ou la caverne de la Rose d’or*, éventuellement. Même les Disney, je l’accepte car mes parents nous catapultaient, ma soeur et moi, au cinéma le 24 décembre pour avoir la paix. Enfin, ils l’ont fait deux fois, pour Aladin et Le Roi Lion vu que je n’ai vu ni La petite sirène ni Pocahontas au cinéma. J’ai cependant quelques autres souvenirs de Disney de Noël. Mais les téléfilms ou les pulls, on est d’accord que c’est encore plus récent qu’Halloween ? Et puis évidemment, tant qu’à parler traditions, y a tout le tralala sur le sapin (et le débat sur vrai, faux, un Norman ou un je ne sais quoi. Je n’ai jamais fait mon propre sapin donc je ne sais pas). Et puis les cadeaux, évidemment. Quel débat ! Ethique ou pas. Jouet en bois ou Playmobil. Acheté en boutique ou sur le web. Papier cadeau ou recyclage de magazines, papier kraft, furoshiki…
Mais surtout, l’injonction à la fête !
Mais la pire injonction, c’est vraiment celle de la fête, de l’amour et de la bonne humeur. Je déteste décembre. Cette année, je suis particulièrement épuisée et je remercie vraiment la grève de m’avoir permis de pas aller au bureau pendant 2 semaines, histoire de prendre du recul et me débarrasser de la gangue. Il fait nuit tout le temps. Déjà parce que solstice d’hiver et tout mais vous avez vu la météo depuis quelques jours ? Que je me lève à 7h en semaine ou 9h le week-end, j’ai l’impression qu’il fait nuit. C’est pour ça d’ailleurs que je ne fête plus le réveillon : sortir un 31 décembre au soir me déprime de ouf. J’ai juste envie de rester chez moi sous un plaid à consommer du chocolat chaud* ou du prosecco. Pas d’enfiler une robe en voile pour me jeter dans le froid. Et la magie de Noël ? Vous voulez dire les enfants qui pètent un câble tellement ils sont excités et blindés de sucre ? Les conversations que vous aviez pas envie d’avoir ? Les repas qui durent des heures, les bêtisiers qui vous recyclent les mêmes images depuis 40 ans. Ils nous sortent encore des images de Tournez Manège. L’émission s’est arrêtée en 93 !**
Honnêtement, moi, Noël, je le fête juste pour faire plaisir à ma famille. Parce que ça n’en tiendrait qu’à moi, j’en profiterais pour partir au soleil, genre mon réveillon aux Maldives, c’était le pied. Mais bon, on ne peut pas non plus échapper à toutes les injonctions. Alors regardez moi offrir des Playmobils à Saturnin et Pivoine car c’est bien ce qu’ils voulaient et manger de la bûche glacée. En sirotant du prosecco ou du trousse-chemise parce que je m’en fiche, c’est pas moi qui conduis.
Joyeux Noël !
* Je dis ça mais je l’ai jamais vu
** Je mens, je ne bois jamais de chocolat chaud.
*** Si tard que ça ?
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