J’ai testé pour vous le tatouage

J’ai testé pour vous le tatouage

Le vrai, pas le décalcomanie que ma nièce a apposé sur ma peau en décembre. Car pour Noël, elle avait eu un salon de tatouage pour enfants. Oui, c’est moi qui lui ai offert mais c’est elle qui avait demandé. Cette fois-ci, je suis allée dans un vraie salon de tatouage où une gentille artiste a dessiné sur ma peau avec des aiguilles. Quelle drôle d’idée. Mais c’est officiel : à 45 ans, je suis passée du côté des tatoué·es. Et c’est pas la crise du mitan de la quarantaine, non. Même s’il y a bien une crise dans cette histoire.

Ma nièce m'a tatouée, petit décalcomanie
Je précise que c’est Pivoine qui a choisi le décalco pour moi

Je ne suis pas une grande fan des tatouages dans le sens où je n’ai jamais ressenti le besoin d’en faire un. Dans mon entourage, beaucoup de gens sont tatoués. J’en aime certains, pas d’autres. Je ne suis pas fan de l’accumulation anarchique de tatouages sur les bras, me faisant penser aux dessins hasardeux faits dans les cahiers d’école. Je parle de leur agencement, pas de la qualité du dessin. Non parce que si quelqu’un avait l’idée de se faire tatouer un dessin de marge de cahier, surtout si ce sont des réalisations de gens aussi doués que moi, j’aurais un peu de peine pour eux. Je ne comprenais pas non plus bien le principe des gens qui se faisaient tatouer pour se faire tatouer, choisissant un motif sur catalogue. Cependant, si je ne comprends pas, je respecte parce que chacun fait ce qu’il veut de son corps et de sa peau. Sauf la cramer au soleil, prenez soin de vous quand même.

Donc le tatouage, ce n’était pas une priorité dans ma vie, loin de là. Le seul tatouage que j’envisageais, c’était quelque chose de symbolique. Genre un truc rappelant la naissance des mes enfants. Mais vu que j’ai pas d’enfants… Je suis quelques artistes tattoo sur Instagram mais plus parce que j’aime leur dessin que par envie de me tatouer. Cependant, la vie est ce qu’elle est. 22 juillet, ma fidèle Kenya s’en va après quasi 21 ans de vie commune. Le coeur en lambeau, j’ai une obsession : célébrer ce chat, d’une façon ou d’une autre. Faire des Powerpoint Art, des badges, quelque chose. Et puis, pendant que je gigotais dans la piscine lors d’un cours d’aquagym, l’évidence : un tatouage. 

Kenya dort dans mes bras

Tout d’abord, j’ai pensé à une double paire de pattes. Kenya passait énormément de temps sur moi. Quand j’étais à mon bureau à écrire, par exemple, Elle me grimpait dessus pour se poser sur mon épaule. Souvent ses pattes arrières sur mon bras gauche, ses pattes avant sur mes épaules. Bon ben voilà, le tatouage est trouvé. Je fouille mes photos et découvre que je n’ai de photos que de ses pattes arrières. Bon, que faire ? Le tatouage sur l’avant bras gauche est décidé, pour le reste… Mais avant de me lancer, je dois trouver un salon de tatouage. Je ne connais pas l’univers tattoo à Bordeaux mais je sais qu’il existe un salon très queer friendly, féministe et inclusif, Sybilles. Evidemment que j’ai envie d’aller chez eux. Je leur envoie un message sur Insta car je ne sais pas si ça branche quelqu’un de bosser sur des pattes de chat vu que c’est moyennement artistique. Je raconte mon histoire et on me propose de passer au salon. Vu que j’ai rendez-vous chez mon hypno pas loin le vendredi, je cumule tout.

Super idée. Déjà, il fait 37°. Quand j’arrive au salon, je suis accueilli par l’Encreur onirique qui me montre le travail des artistes du salon et je choisis un style très kawaii. Ma tatoueuse sera donc Mira. Je suis invitée à raconter mon histoire et autant dire que la mort de Kenya ne datant que de 15 jours, j’ai pleuré comme jamais. On parle d’abord du projet avant-bras puisque je ne suis toujours pas sûre de l’autre. Mira dessine rapidement un modèle sur une photo d’une patte de Kenya et c’est sûr, ce tatouage va exister. Pas de suite pour des raisons de soleil et de vacances proches en Sicile mais bientôt.

Patte de chat trop mignonne

De retour de vacances, j’appelle le salon et le rendez-vous est pris pour le lendemain. Ce mercredi, donc. Je ne réfléchis pas, je valide. Non parce qu’autant je suis sûre du dessin et de Mira, autant j’hésite sur le fait de rentrer dans la grande famille des tatoués. Et évidemment, la grande énigme : est-ce que je vais avoir mal ? Mira et l’Encreur onirique m’ont dit que vu que la pièce était plutôt petite, ça sera anodin. Oui ok mais moi, je suis un peu une trouillarde quand même. Je sais que j’ai plutôt une bonne résistance à la douleur mais bon… 

Donc là, je vais vous raconter mes ressentis. Evidemment, la moitié de mon lectorat doit être tatoué mais ce blog me sert aussi à narrer l’anecdotique et vraiment, c’est une aventure. Le mercredi, j’enfourche donc mon petit vélo pour aller au salon. Tout est dans l’hésitation. Toujours pas du projet mais des choix pratiques voire pragmatiques à faire. Ils annoncent un temps chaud donc un top aux manches très courtes, c’est good. Parce que je sais qu’il faut éviter au max les frottements. Le matin, en discutant avec Victor, étrangement plus excité que moi par la perspective de ce tatouage, il commence à me faire douter. “Ton bronzage, c’est ok ? [oui]. T’y vas en vélo, t’es sûre ? Non parce que le bras qui se tend au retour, ça peut te faire un peu mal. Quoi que le tram, avec le monde, ça risque de frotter…” Vous me confusez, monsieur ! Non, non, j’y vais en vélo. Déjà parce qu’en vélo, je maîtrise mon temps. Pour info, Victor a un tatouage sur le poignet et sur le dos. Celui du dos lui recouvre touuuuuut le dos. 

Dernière photo de mon bras vierge

Bref. Je fais une dernière photo de mon bras vierge et enfourche mon vélo. Stationnement, trouver un DAB pour retirer les sous. Ah zut, celui que je visais est tout cassé suite aux manifs… Ah, un autre est dispo. Mais une dame devant moi fait plein d’opérations. Non mais Janine, si tu as prévu d’y passer la nuit, tu veux pas me laisser passer ? Bref, j’arrive au salon. On revoit deux ou trois trucs avec Mira, je signe une décharge. “Reste là, je vais préparer mes aiguilles”. Oui, oui, prépare ça en mon absence, c’est mieux. Je vais écrire un peu du projet Audrey en affectant un air détaché, ahahah. Ok, il est possible qu’à ce moment de l’histoire, je fasse moyen la maline. Au bout de quelques minutes, Mira m’appelle. Damn, damn, damn.

Alors avant de tatouer, on choisit une taille et elle me fait un transfert pour que je puisse voir ce que ça donne. Bon, la version choisie est sans doute plus petite que de vraies pattes de chats… Quoi que celles de Grocha sont étonnamment fines et ça aurait pu à peu près correspondre. Je me regarde dans la glace et… oui. La taille est parfaite. Bon, il est temps de s’allonger sur la table. On discute vite fait de la douleur : “Ca dépend vraiment des gens. Là, comme c’est petit, tu devrais pas trop sentir. C’est désagréable mais pas douloureux”. Ah oui, de toute façon, je suis pas douillette, ahah. Enfin… au moment où je lui confie mon bras, je me souviens que j’ai la peau fine et sensible et que parfois, un grain de litière dans le lit peut me blesser… Qu’est-ce que je fous là ? 

La patte de Kenya sur mon bras

Bzzzzzz. Il y a des bzzz dans la vie, tu les aimes moyen. Genre celui de la fraise de dentiste et celui de l’aiguille du tatoueur avant de connaître la sensation… et même après. Alors trève de suspense : moi, j’ai trouvé que ça faisait quand même un peu mal. Enfin, ça dépend quoi. J’ai trois types de techniques sur mon tatouage : les contours, l’encrage et des petits points pour faire un ombré. Ce dernier, l’ombré, c’est vraiment anodin. 3/20 sur l’échelle de la douleur. A peine inconfortable, je dirais. La sensation de se frotter la peau au papier de verre. En deuxième par ordre de douleur, le contour. Celui-ci est très fin mais ça pique un peu quand même. 7/20 sur la douleur. Tout à fait gérable mais j’ai connu des moments plus agréables. En terme de sensation, la succession de minuscules piqûres, puisque c’est de ça dont il s’agit, m’a fait penser à la sensation de s’épiler à l’épilateur électrique. Celui constitué d’une armée de pinces qui t’arrachait plusieurs poils à chaque passage. Ciel que je n’étais pas fan.

Mais le plus douloureux, et je le savais : l’encrage. Là, on est sur du 13/20, je dirais. Les petits coussinets sont donc roses, ce qui constitue les plus grandes surfaces, finalement. C’est adorable et je suis vraiment ravie d’avoir ces petits coussinets roses mais sur le coup… moyennement, en fait. En termes de sensation, je vivais un aussi bon moment que mon dernier détartrage. Et j’en avais un peu chié, je vous cache pas. J’avais bieeeeen saigné. Des moments où tu serres un peu les dents… Quoi non pour le détartrage, tu peux pas. J’ai bien détaillé la tapisserie derrière moi en me concentrant sur Anxiety de Doechii qui passait à ce moment-là. Vraiment mon hit de l’été, je l’ai aussi eue chez le coiffeur quand je suis allée me faire mes mèches d’été, à un cours d’aquagym et dans toutes les mix Youtube qui me proposent toujours les mêmes chansons. Un peu mon hymne puisque mon hypno n’arrête pas de dire “nous, les anxieux”. Ah bah tiens, en 2025, je deviens officiellement anxieuse et tatouée. Damn. A noter la douce délivrance à un moment où Mira a passé du baume sur mon tatouage. C’était si doux et si frais !

Mon bras entouré de cellophane
Le tatouage est de l’autre côté, je me balade pas avec du cello sur le bras pour le plaisir

Et voilà, au bout d’environ une heure, il me semble, j’étais tatouée. J’ai le droit de me regarder dans la glace. Omagad, c’est tellement adorable. Je suis si contente. Sauf que la vraie épreuve, ce n’est pas le tatouage, finalement. Non, la vraie épreuve arrive juste après avec “la liste des recommandations à suivre pour un tatouage de toute beauté”. Ce qui, dans ma tête d’anxio-hypocondriaque donne : “si tu fais mal le moindre petit truc, ton tatouage sera tout moche voire tu attraperas une bactérie et perdras ton bras”. Ca ne vient pas de Mira, hein, c’est vraiment mon filtre à moi. C’est pour ça, notamment, que le port de lentilles fut un échec chez moi. Je paniquais tellement à l’idée de m’infecter que je me lavais les mains dix fois dans le process. Cette peur de mal faire m’a pété à la figure dès mon retour à la maison puisque je transpirais sous mon cello. Oui, une trentaine de minutes de vélo à 28°, t’as un peu chaud. Ohlala, que faire ? Enlever le cello ? Le garder encore un peu ? Panique, panique, panique. Bon, par contre, quand Mira m’a dit “fais attention à ton chat les prochains jours : les animaux ont tendance à vouloir lécher les plaies”, j’ai pouffé. Grocha n’est pas du tout un chat lécheur. Kenya ne l’était pas non plus. Mes plaies, elle s’en bat les steaks. 

Grocha ne va pas lécher mon tatouage

Bref, me voici tatouée. Je vais encore prendre quelques douches avec le bras tendu pour éviter de mouiller ce petit chef d’oeuvre. Et non pour faire un “salut romain”. Je retournerai au sport fin de semaine prochaine mais pas à la piscine pendant un mois. Ca va, j’ai prévenu mon prof préféré qui, je pense, s’en fout totalement. Et là, comment ça va ? Nickel. Sur le trajet retour, en vélo, j’ai eu des petites sensations mais qui faisaient presque “douleurs fantômes”, comme si ma peau se remémorait la sensation. Depuis ? Je le sens quasi pas. Une vague sensation de piqûre de temps en temps mais j’ai connu des piqûres de moustique plus douloureuses. Et surtout, depuis… je passe mon temps à regarder mon bras. Un peu étonnée d’être tatouée. Heureuse d’avoir à jamais cette petite référence à Kenya sur ma peau.

Mon tatouage pattes de chat

Un autre projet viendra. Avec une représentation de la tête de Kenya mais pour l’heure, je ne suis pas encore sûre de moi. Et avec la formation, je vais avoir peu de temps à y consacrer donc on verra en fin d’année si le salon est ouvert. Sinon, ce sera en mars. D’ici là, j’espère être un peu plus au clair sur ce que je veux. Bref, une expérience physique pas super agréable mais j’ai déjà un peu oublié la sensation. J’ai eu des règles plus douloureuses que ça. Mes sales maux de ventre aussi. A l’arrivée, je n’ai qu’une déception : aujourd’hui, on ne crème plus son tatouage. Mince, moi qui adore me badigeonner, ça m’aurait fait une bonne excuse.

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