Que faire du summer body ?

Que faire du summer body ?

L’ambiance est merdique en ce moment, non ? Déjà, il pleut depuis toujours. A l’heure où j’écris cet article, 15 juin, 11h20, j’ai froid et ça sent la pluie. J’adore le petrichor et les pluies d’été mais ce que j’aime dans les pluies d’été, c’est le rafraîchissement qu’elles apportent après la chaleur. Chaleur, j’insiste. Tu rajoutes à ça la petite actualité politique, comment dire… Alors aujourd’hui, on va parler légèreté. Et je commence par cette petite capsule de Laura Calu sur le summer body et le piège abscons que représente ce sujet. Car courir après son summer body ou refuser les “diktats du summer body”, c’est toujours parler du summer body. Alors que faire ?

Une femme qui a bien bossé son summer body se baigne nue dans la mer
(c) Shifaaz Shamoon

Courir après l’impossible

Bon, personnellement, j’ai jamais eu de summer body et j’en aurai jamais. Le ventre plat, c’est pas de série, chez moi et sauf opération chirurgicale à me tailler le côlon, c’est mort. Et je vais pas risquer de lourdes complications pour me la jouer bonita sur la plage. Surtout que cette année, la plage, ça s’annonce moyen. Ceci étant dit, ce n’est pas parce que, de base, ça s’annonce compliqué que je n’ai pas essayé, hein. Les régimes au printemps, on connaît nos bails. Fut même un temps où, épisodiquement, je faisais des abdos. Vous savez, les crunchs là. Bon, je pense que je me suis plus niqué le dos que bossé mon 6-pack mais vu que tous les magazines me répétaient ad nauseum qu’il fallait être canon sur la plage, ma foi. Abdos et épilation à la cire. Tout ça pour finalement pas grand chose.

Les régimes, c’est has been

Après, des voix discordantes ont commencé à s’élever. Quand je dis “après”, comprenez “avec les réseaux sociaux, on commençait à entendre d’autres discours”. Les diètes, c’est mauvais et arrêtez avec vos complexes à la con. Aimez votre corps tel qu’il est. Un discours surtout tenu par des meufs qui font au max un 38 mais qui pouic pouic un peu leur gras du ventre en mode “mais si, regarde, j’ai des bourrelets, là”. Après, je ne critique pas le fait que des filles correspondant plus ou moins aux standards actuels aient des complexes vu qu’on les pousse à ça. J’ai récemment lu un article racontant que Margot Robbie se mettait rarement en tenue courte sur le red carpet car elle a des genoux moches. Alors j’ose espérer que c’était un pur article putaclick (j’ai pas trouvé d’autres occurences). Parce que franchement, quelle personne serait fâchée de se réveiller dans le corps de Margot Robbie ? Cependant, le complexe du genou, j’avais déjà lu des histoires là-dessus, des femmes qui n’osent exhiber leurs gambettes à cause de leur genou. Pardon mais… c’est censé être quoi un beau genou ? Et les coudes, on complexe ou on exhibe ?

Complexée des coudes
(c) Matthew Moloney

Le corps des femmes, un sujet politique

Je taquine un peu mais derrière la vanne initiale de Laura Calu et mes petits bavardages, il y a quand même un point important. En tant que femme, j’aimerais surtout que mon corps arrête d’être un sujet de conversation. Evidemment que dans la société où l’on vit, la question du corps des femmes est éminemment politique. Son apparence est dictée par d’un côté, le patriarcat et de l’autre… le marketing qui a besoin de nous vendre pas mal de produits. Des régimes, des abonnements à la salle de sport, des crèmes amincissantes, des panties, des gaines… Et attention, une fois de plus, l’idée n’est pas de critiquer les consommatrices. Moi-même, je suis hyper tentée à l’idée de m’acheter une gaine pour les jours où mon côlon prend trop ses aises parce que ces jours-là, je ne me sens pas à l’aise dans mon corps. Il y a aussi, rapport à nos corps, toute la question de la procréation. Le corps des femmes, soumis à bien plus de diktats que celui des hommes, est un objet politique.

On devrait pouvoir faire ce que l’on veut de son corps

Justement, à propos de se sentir à l’aise dans son corps, ça, c’est un vrai sujet. J’attends essentiellement de mon corps qu’il ne soit pas à une entrave à ce que j’ai envie de faire. Grosso modo, qu’il tienne la distance. Que je puisse marcher ou faire du vélo sur une distance correcte, par exemple. Que je ne m’endorme pas en pleine réunion. Vous n’imaginez pas la difficulté que je peux avoir parfois sur ce dernier point. Je veux me sentir bien dans mon corps, avoir un allant un peu sautillant, voyez ? Et on devrait tous être raccord avec ça. On a le corps que l’on a, avec ses forces et ses faiblesses. Le seul avis qui devrait compter sur le corps d’une femme, c’est celui qu’elle a. Si une femme décide que son corps la satisfait même si elle ne correspond pas à des normes, c’est son droit. Si une femme a envie d’être musclée parce qu’elle se sent mieux comme ça, elle a le droit. Et si une femme préfère être mince, elle a le droit. Oui parce que cet article n’a pas pour but de dézinguer des envies de minceur, hein. Mon corps, mon choix, ça marche aussi dans ce cas-là.

Travailler son summer body, pour ou contre ?
(c) jon Ly

Laissez-nous tranquilles avec nos corps

En vrai, j’aimerais juste que la forme du corps des femmes ne soient plus un sujet. Un sujet qui crée des attentes surréalistes et de fausses croyances. Typiquement, le “ah si j’étais plus mince, je trouverais plus facilement un mec”, franchement… Je l’ai déjà dit mais dans mon entourage, je n’ai jamais noté de corrélation entre minceur et statut marital. Après, oui, on ne va pas se mentir, la grossophobie peut être discriminante, notamment lors de recherche d’emploi mais le summer body concernant plus l’idée d’un régime pour perdre trois à cinq kilos, on est au-delà de ça. Il y a un vrai combat à mener là-dessus. D’ailleurs : non, une femme grosse qui pend la pause sur Instagram ne fait pas l’apologie de l’obésite ou je ne sais quoi. Elle existe et elle a le droit de : sortir de chez elle, s’habiller avec des vêtements qu’elle aime, se trouver jolie, se prendre en photo et partager ça sur ses réseaux, manger en public. Surtout qu’on n’est pas si influençables. Je veux dire je vois plein de femmes tatouées en photo sur mon Insta et ma peau est toujours vierge. La seule fois où j’ai entendu une meuf décider de beaucoup manger pour avoir du ventre, c’était dans Pulp fiction.

Cache ta laideur ?

La forme de nos corps ne devrait pas être un sujet, c’est tout. Il y a des personnes grandes, d’autres petites. Des très sveltes et des plus rondes. Des qui perdent facilement du poids et d’autres pas. Ou des qui prennent facilement du muscle et d’autres non. Des poilus et des glabres. Des peaux sans marque et d’autres qui subissent l’effet du temps, des hormones ou de sales gamelles. Parfois des corps abîmés par la vie. C’est comme ça. Oui, le summer body est une connerie marketing faite pour lister les corps qui sont légitimes à la plage, en somme les sveltes et glabres pour les femmes, les musclés pas poilus du dos chez les hommes. Ca instille l’idée que certains corps sont laids et ne devraient pas être exhibés, même avec des bouts d’élasthanne aux endroits stratégiques. Alors que franchement… si des gens ont du temps à perdre à scruter tous les corps qui traînent autour d’eux, tant pis. Moi, je vais à la plage pour me baigner, lire et parfois roupiller. 

Cacher son corps à la plage
(c) Vidar Nordli-Mathisen

Réjouissons-nous de la bonne fonctionnalité de nos corps

Bref, arrêtons de nous obséder sur la forme des corps des uns et des autres. Réjouissons-nous de leur bonne fonctionnalité parce que franchement, quand ça commence à grincer un peu dans les rouages, je vous jure qu’on se dit qu’on aurait mieux fait de passer plus de temps à profiter de son corps jeune qu’à le nourrir que de soupe lyophilisée en rêvant du corps de Charlize Theron. Rêve d’autant plus absurde quand on fait 1m56.

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