C’est juste une question de pensée magique
Pompililou, pouvoir magique ! Emoji traînée d’étoiles. J’ai écrit trois mots et c’est déjà n’importe quoi. Mais aujourd’hui, nous allons parler d’un vrai sujet à savoir : la pensée magique. Dans sa version développement personnel mais aussi dans sa version plus psychologique. Parce qu’en ce moment, je traverse une grosse crise et forcément, des pensées magiques, j’en ai plein. Asseyons-nous pour analyser tout ça.
Sois positif et l’univers te répondra
La pensée magique, dans le développement personnel, est lié à la théorie de la loi de l’attraction à laquelle je n’adhère quasiment pas. Le “quasiment” est lié à l’attitude. Pour résumer rapidement : la loi de l’attraction part du principe que le positif attire le positif. Si tu penses que tu vas réussir, ça envoie des signaux à l’univers qui t’apportera ce que tu veux. Alors autant je suis persuadée qu’on réussit forcément mieux quand on croit qu’on peut le faire, autant je pense que l’univers s’en fout. Et en plus, je trouve ça assez horrible de tout résumer par un “qui veut peut” parce que ça sous-entendrait que si tu échoues, c’est bien ta faute, t’as pas voulu assez fort. Voire tu ne le voulais pas vraiment.
Est-ce qu’une entité divine peut venir m’aider ?
La pensée magique de la loi de l’attraction, c’est ça. Suffit de vouloir très fort pour que ça arrive. C’est quelque chose de très rassurant et réconfortant. “Croise les doigts très très fort et sois patient, l’Univers finira par te répondre”. Je sais que certaines personnes écrivent même leur souhait sur un papier pour que ça envoie un message plus fort à l’univers, quelque chose comme ça. Je ne suis pas très calée en pratique de cette théorie. Ici, c’est ni plus ni moins que de la prière. Que tu demandes à Dieu ou à la physique quantique de réaliser ton souhait, la finalité est la même : est-ce que quelque chose de puissant, de littéralement surhumain peut venir me donner un coup de main ?
Se répéter pour se convaincre
De façon plus concrète et sans doute plus connue, la pensée magique est la base de la fameuse Méthode Coué : se répéter inlassablement une phrase pour y croire. Là encore, pourquoi pas. Mais dans certaines limites. Je veux dire que tu te répètes une phrase en boucle pour insuffler de la confiance en toi sur tel ou tel sujet, je n’y vois aucun mal. Ca doit être un fonctionnement similaire à la visualisation, faire accepter à ton cerveau que tu peux être ceci ou faire cela. Basiquement, je pense qu’on ne peut pas réussir si on ne se croit pas capable de faire un truc. Là où ça vire pensée magique, c’est si on part sur soit quelque chose qui ne peut être vrai, soit un pari sur l’avenir. La méthode Coué en se répétant “je suis capable d’y arriver”, par exemple, ce n’est pas pareil que “je vais réussir”. Surtout si la dite réussite est liée à des facteurs extérieurs. Je suis capable de m’investir dans la recherche de travail, par exemple. Ca ne veut pas dire que je vais trouver du travail rapidement, surtout en contexte de marché tendu.
Y a bien quelqu’un qui va exaucer mon souhait
La pensée magique flirte donc souvent avec le mystique. Ca dépasse les données de base, les données rationnelles. On accepte de donner les clés de notre destinée à une entité nébuleuse. Dieu, l’Univers, la Chance, appelez ça comme vous voulez. Même si on le fait activement. C’est moi qui demande à cette entité magique de m’amener à un endroit. Si je demande très gentiment et très régulièrement, j’aurai forcément ce que je veux. Je réalise que mon chat fait de la pensée magique toute la journée… Mais il y a un autre type de pensées magiques un peu plus psychologiques, toujours lié à des croyances. Mais des croyances genre cliché.

Je voudrais une solution facile
16 avril, je suis dans le bureau de mon hypnothérapeute. Je lui annonce que je ne vais pas bien car on m’a annoncé que je devais quitter l’entreprise et je suis assez dévastée. Vu que je ne m’y attendais pas et surtout, c’était pas ce que j’avais prévu. Elle me fait travailler sur une boucle, à savoir retravailler mon chemin de pensées au moment de l’annonce. Pourquoi ça m’a choquée, pourquoi ça m’a angoissée. A un moment, je lui dis “à ce moment-là, je veux juste lâcher l’affaire. Je ne suis pas faite pour le monde du travail, je voudrais juste un job mécanique avec des horaires et qu’on me foute la paix”. Nous avons ici une pensée magique. Ah ?
Je veux un job peinard
Et oui, sans m’en rendre compte, j’ai sorti une bouée. Une pensée magique qui me fait dire que la solution à mon problème, c’est le job peinard. J’en rêve du job peinard, surtout après des années à me bouffer de la toxicité, en veux-tu, en voilà. Je voudrais un job où je viens, je fais mes trucs et je m’en vais à heure dite. Pas de boulot le soir, pas de pollution mentale. J’ai littéralement fantasmé sur un système à la Severance quand j’ai découvert la série. J’en suis là. Ma première pensée quand j’ai su que tout s’effondrait, encore, et que je devais repartir de zéro, ça a été littéralement “ok, je vais poser mon CV à la boulangerie du coin, je veux plus rien faire à part vendre des croissants et du pain”. En plus, moi, je dis déjà chocolatine. Pensée que j’avais eue à l’identique lors de ma précédente fin de contrat, tout aussi blessante.
Rien ne garantit qu’un job peinard évite la toxicité
Sauf que, comme le souligne mon hypnothérapeute, “avoir un job peinard”, selon ma définition, ce n’est absolument pas la garantie d’éviter un patron ou un manager toxique. Bon, déjà, pour en finir sur la boulangerie, je ne pense pas que ce soit un job peinard. Déjà tu es debout toute la journée, oscillant entre temps morts très morts et coup de feu du midi. Et ton job consiste à servir des clients. Des gens. A vue de nez, me basant sur mon expérience de guichetière à la Poste quand j’étais étudiante, 80% des clients seront corrects. Certains normalement polis, d’autres absolument adorables. Et puis tu as les 20% restants, les pénibles. Ceux qui débarquent en pleine heure de pointe pour mettre dix ans à choisir ce qu’ils veulent, attaquant la patience des clients derrière eux. Les agacés, les agressifs. Par définition, un métier en contact avec un public ne me paraît en aucun cas “peinard”. Parce que oui, on ne va pas se mentir : les cons, ça existe.
La paix ne sera jamais garantie
Mais surtout, les patrons connards, il y en a partout. Aucun secteur n’est épargné. En ce moment, dès que j’annonce à quelqu’un que je me fais lourder un peu salement, on me répond systématiquement “ah ben je connais quelqu’un qui”. Voire un “moi aussi”. Et on découvre que ça tombe dans tous les secteurs. Pas toujours de façon propre et honnête. Et j’ai eu suffisamment de jobs étudiants dans un secteur qui n’est pas le mien pour savoir qu’effectivement, y a souvent un loup. Pas toujours le patron ou le manager, d’ailleurs. Parfois, la toxicité, c’est un collègue qui manigance. La pensée magique, c’est de croire qu’en prenant un emploi “simple, sans prise de tête”, c’est la garantie d’échapper à la toxicité. C’est avoir la paix. Et non, ahah.
L’univers, il a pas le time pour toi
En résumé, la pensée magique, c’est vraiment penser qu’il suffit de mettre en place certains mécanismes pour passer au travers des difficultés de la vie. Alors qu’en y pensant bien, c’est peut-être radicalement l’inverse. Si l’on croit que l’Univers nous envoie un job ou une tendre moitié car on lui a demandé, ne risque-t-on pas d’accepter l’inacceptable car “hé, c’est l’Univers qui me l’a envoyé, y aura forcément un happy end à la fin ?”. Il faut trouver le juste milieu. Se mettre en condition de réussir, oui. On réussit mieux quand on y croit, je pense. Mais se mettre en condition de réussir ne suffit pas toujours et il faut aussi s’y préparer. Parce qu’en vrai, l’Univers, il a 1023 étoiles à gérer. On ne sait même pas combien de planètes et combien pourraient abriter la vie mais si tu considères que la Terre, à elle seule, autour d’une seule étoile, abrite 8 milliards d’êtres humains, tu as à peu près autant d’importance pour lui qu’un quark de grain de sable.
Je comprends la tentation
Est-ce que je critique la croyance de demander à l’Univers, Dieu ou qui vous voulez, de demander des trucs ? En vrai, non… Déjà parce que si tu ne bases pas tout là-dessus, pourquoi pas mais surtout… on verra ça semaine prochaine.