Besoin de pousser un cri
Récemment, j’ai maté quelques fictions de rédemption. Par hasard, car je voulais surtout exploiter les catalogues d’Apple TV et Prime durant la période d’essai. Et avant de rentrer en études parce que vu ce qui m’attend, je ne suis pas prête à binge watcher une série avant Noël. Le hasard a cependant bien fait les choses puisque c’était ce dont j’avais besoin, sans même forcément m’en rendre compte. Des histoires de gens qui vont mal et qui trouvent le chemin de la rédemption. Et souvent, dans leur chemin vers la lumière, arrive irrémédiablement le moment où ils poussent un cri. Réel ou imaginaire.
Le cri, un élément de narration à part entière
Ah, le cri. Le cri est un ingrédient de fiction assez récurrent dans les histoires où des personnages touchent le fond ou a peu près. D’ailleurs, je me note d’écrire un article sur le sujet pour Raconte-moi une histoire car c’est vraiment un ingrédient de narration. Ici, je vais plutôt m’intéresser à ses bienfaits, réels ou supposés. Oui, il semble que crier fasse du bien. Dans la fiction, c’est souvent le craquage qui lance la rédemption. Le signe que le protagoniste reconnaît sa détresse, admet que c’est la merde. Et c’est beaucoup.
Perds le contrôle, ça fait du bien
Le cri est un lâcher prise. Admettre qu’on perd le contrôle. Je cite souvent cette scène de Medium qui m’avait marquée. On voit une femme assise dans une chambre d’hôpital au chevet de sa mère comateuse. Soudain, elle se lève et se met à hurler en dévastant la chambre. Et tout à coup, on revient sur cette femme, assise simplement dans la chambre d’hôpital en parfait état. Ce pétage de plomb était mental. Cette scène m’a marquée parce que je ressens souvent ça. L’envie de tout casser en criant. Péter littéralement un plomb. Je ne le fais pas parce que c’est mal vu. Un classique des fictions, ce sont aussi les personnages qui crient dans leur bain, sous l’eau, ou dans un coussin. Parce que c’est mal vu de perdre le contrôle.
Le cri est une libération
Et puis, dans certaines fictions, le cri est encouragé, vu comme une libération. Dans Nine perfect strangers, Zoe et Lars se mettent soudain à hurler dans un espèce de hammam, encouragés par le personnel du centre de bien-être. Il doit y avoir une dizaine de comédies romantiques où l’héroïne finit par suivre le “grain de folie” du personnage masculin et se mettent à crier du haut d’un toit ou d’une falaise. Le signe qu’elle est prête à vivre cette histoire d’amour qui lui tend les bras mais qu’elle refusait pour des raisons de convenance ou je ne sais quoi.
Exprimer sa colère ou son désespoir
Donc le cri est un lâcher prise. Pourtant, il est mal considéré de crier. Surtout pour une femme parce que ça fait trop la meuf qui tient pas ses nerfs. Alors qu’un mec qui crie, c’est normal, c’est viril. Double standard mon amour… Vraiment, allez dans n’importe quel lieu de vie, y a toujours des mecs qui font entendre leur grosse voix pour R. Évidemment, il faire différencier les différents cris. On ne parle pas ici des cris de joie ou pour appeler quelqu’un. On parle du cri de celui ou celle qui ne se contient plus. Le cri de colère, de rage, même, ou celui de désespoir.
Je vous promets que je vais bien…
Colère, rage, désespoir… C’est pas très développement personnel friendly, tout ça dis donc. Justement. C’est le genre de sentiments que l’on essaie d’enterrer sous une apparence de calme et de relative sérénité. Oui, ok, en quatre mois, j’ai perdu mon job et mon chat adoré, la préménopause repointe son nez en pleine canicule parce que visiblement, j’avais pas assez chaud. Mon père de 75 ans parle tout seul. Et en plus mon vélo a crevé. Deux fois en une semaine. Mais je vais bien, regardez comme je découpe mes légumes avec enthousiasme. Schlak, schlak les courgettes ! ET schlak, schlak les carottes ! Schlak, schlak, schlak ! Ahahah.
Je pète un câble ou pas loin…
Oui, je suis au bord du pétage de plomb. Il est même possible que je les ai fondus une fois où deux cet été. Je pense avoir rarement autant pleuré en si peu de temps. Et oui, j’ai un peu pleuré parce que j’ai crevé. Et peut-être que moi aussi, j’ai besoin de pousser un cri. Reconnaître la rage. Parce que j’ai la rage. Parce que je ne trouve pas que tout ça soit bien juste. Oui, mon chat était vieux et ça allait bien finir par arriver mais tout se succédant à vitesse grand V, je me sens un peu victime de la vie. Surtout que bon : vacances de rêves à Venise, j’apprends que ma boîte ne veut plus de moi dès mon retour de vacances. Le premier jour de reprise. Ça situe l’humanité de ces gens. Je rappelle que mon principal tort était d’être plus chère que mes deux camarades. Vacances suivantes : découverte d’Albi, vrai coup de coeur, puis mariage de mon cousin avec un gros rush de love. Dix jours plus tard, mon chat que l’on qualifiait “d’increvable” est morte. On part samedi pour de nouvelles aventures, je suis super sereine…

Merde, j’ai le droit d’être en colère
Pousser un cri, c’est vraiment accepter ses passions négatives. Exprimer un sentiment qui n’est pas forcément rationnel. Je veux dire, ok, je semble engluée dans une sale période. Une période où le fait de crever un pneu devient un aléa de la vie proprement insupportable. Une attaque personnelle de… de la vie, je suppose. Évidemment que personne n’agit pour me faire subir ces différentes épreuves en si peu de temps. Évidemment que ce n’est que du hasard. Mais reste cette colère irrationnelle qu’à un moment, on a le droit d’assumer. Parce qu’à se prendre pour une surface de lac, toujours lisse et calme, le jour où on n’arrive plus à gérer, gare au tsunami.

J’aime pas crier mais…
Alors crions. Bon, perso, je n’aime pas ça, crier. D’abord, ça me fatigue mais encore que ça, ça peut être un bénéfice. Mais surtout ça me casse les oreilles et les cordes vocales. Oui, je sais que c’est pas censé me faire mal à la gorge. J’ai fait du théâtre, moi, monsieur. Mais pardon de ne pas penser à ma technique vocale à l’heure de péter un câble. Cependant, je pense qu’il faudrait instaurer un rite de cri. Au pire en chantant des titres de chanteurs ou chanteuses gueulardes. Hurler sur du Mariah Carey, Christina Aguilera, Céline Dion, Whitney Houston, Nemo… ou ma chanson de “rupture de vie” pref : Wrecking ball.
N’aies pas honte de te sentir mal
Bref, crier, c’est naturel. Il n’y a pas de honte à se sentir au fond du trou. Une idée d’articles, ça, tiens.