Mon métier ? Créatrice d’histoires
Ou vendeuse de scoubidous. Ou artiste bureautique. Noueuse de fils… Récemment, j’ai croisé le thread de SometimesSheWrites, bibliothécaire de son état, qui avait de répondre “autrice” quand on lui demandait sa profession, tant elle était fâchée avec son travail salarié. Et j’ai adoré l’idée. et un très bon sujet en ce lundi férié où je vais aller chasser des nuages ou éprouver le confort de mon canapé au lieu de m’adonner à mon vrai métier. Et si j’étais plus que ce qui est inscrit en haut de ma fiche de paie ?
Petite, je changeais tous les jours de métier de rêve
Le métier, c’est un sujet un peu douloureux pour moi. Déjà, petite, quand on me demandait ce que je voulais faire, souvent, réponse variait. Journaliste ou écrivaine, déjà. Architecte ou avocate. Coiffeuse ou assistante sociale même si je ne savais pas ce que c’était. Prof de [insérez ici ma matière préférée au moment où on me posait la question]. Ca devait être un bon indice de la galère qui allait suivre. En tout cas, j’ai jamais répondu “marketing”. Même aujourd’hui, tu me demandes, c’est pas ça qui sort.
Il y a le métier qui paie les factures…
Il y a deux styles de métiers, je dirais. Le pragmatique, celui qui paie les factures. Consultante webmarketing pour moi. Un métier somme toute ingrat où on compte sur toi pour multiplier les billets alors qu’en vrai, les règles changent tout le temps et en plus, ce serait comme faire peser tout le succès de la boutique sur cellui qui monte la vitrine. Parce que t’as beau avoir la plus belle vitrine, si tu coûtes plus cher que la vitrine d’à côté ou que tu ne vends pas tous les produits dont le client a besoin… Ou alors l’intérieur de ta boutique est désagréable avec de toutes petites travées qui deviennent difficiles à emprunter dès que tu dépasses la taille M, que tu n’arrives pas à trouver la caisse… Bref. Un métier quasi bullshit qui encourage le consumérisme.
Les métiers qu’on ferait si on n’avait pas besoin d’argent
Et puis il y a le métier rêvé. Celui que les enfants sortent quand tu leur demandes ce qu’ils veulent faire. Celui qu’on ferait si on n’était pas obligé de gagner sa vie. Ecrivaine, pour moi, par exemple. Data journaliste façon Datagueule. Ils ont relancé leur compte Youtube, je suis joie. Manquerait plus que Tutotal revienne et ce serait Noël avant l’heure. Ou Dioramiste. Vendeuse de petites choses fabriquées comme des bracelets brésiliens. Oui, ok, même dans mes métiers rêvés, je manque un peu de stabilité. A ce niveau-là, on est dans le trait de caractère, voilà. Nina, curieuse, drôle et instable professionnellement parlant.
Et si on était ce qui nous fait vibrer ?
Mais j’aime cette idée de multiples métiers. De ne plus se présenter par sa vraie carte de visite mais de présenter une passion. Car après tout, j’écris des heures durant, toute la semaine, le week-end. Des articles de blog et j’ai profité du Nanowrimo pour me lancer dans l’écriture du projet Audrey. Pour le moment, j’écris au kilomètre, je verrai ce que j’en fais plus tard. Déjà 7500 mots, 13 pages et elle vient à peine de se faire larguer. Dans un grand film qui a marqué toute une génération, il est dit “si la première chose que tu fais en te levant le matin, c’est d’écrire de la poésie, alors tu es un poète”. Bon, techniquement, je serais plutôt une pisseuse mais force est de constater que l’écriture est l’activité qui me définit le mieux. Merci, Whoopy Goldberg pour ces paroles pleines de sagesse. Oui, c’est dans Sister Act 2 mais faudrait pas oublier que c’est le film qui a révélé Lauryn Hill.
Ce qui est dans notre ADN
Ces derniers temps, j’ai regardé un peu de Booktube. Je m’étais lancée là-dedans avec enthousiasme parce que j’aimais bien qu’on me parle de livres, j’avais noté quelques titres et puis ça m’a vite angoissée. Parce que je voyais des personnes qui se contraignaient à lire pour des vidéos, nous expliquer “alors j’ai commencé le livre hier et j’en suis à la page 300”. What the fucking fuck ? Moi, je lis dix pages et je m’effondre. Et encore, parfois, les dix pages ont été agrémentées de quelques scènes sorties tout droit de mon cerveau endormi, rendant l’action très confuse. Bref, de les écouter, je me sentais en burn-out. Mais toujours est-il que si tu demandais le métier de ces personnes, la réponse sincère, la vraie réponse, ce serait lectrice. Ce qui, pour beaucoup, n’est pas un vrai métier mais c’est carrément le coeur de leur vie, leur ADN.
Qui peut vraiment se définir par son job ?
Et c’est là où je voulais en venir. C’est quoi ton ADN ? A part deux ou trois chanceux, je doute qu’on soit nombreux à vouloir être défini par ce métier pragmatique qui nous paie les factures. Parfois, pour parler de moi, j’adopte l’expression “marketeuse le jour, écrivaine la nuit”. Ou tout autre activité qui me prend du temps. Parce que je ne peux pas être plus dans la vérité que ça. Oui, je suis une marketeuse, je ne peux pas le nier. Même si j’estime peu ce taf, j’ai, malgré moi, une expertise et même certains réflexes. Je suis ce genre de personnes à commenter l’ergonomie foirée d’un site parce que mon métier pragmatique m’a permis d’avoir un avis dessus. Mais la vie, c’est pas LinkedIn. Dieu merci parce que j’aurais fini par choper des amendes pour agressions. “Mais on le voit que tu te filmes en faisant semblant de parler à quelqu’un, comme si quelqu’un voulait de ta diarrhée verbale dans son podcast !”. Mon métier pragmatique, j’essaie de le contenir dans un 9-18h. J’essaie même de lui voler du temps pour m’adonner à mes activités, à mes métiers rêvés. Ecrire un bout d’article, déménager un vieil article des vingtenaires sur le bon blog. Un petit peu de Powerpoint art, hop hop.
Sur un acte de mariage, je suis écrivaine
Lors du mariage de ma meilleure amie, elle avait dit à la mairie que j’étais écrivaine. Oui, j’étais témoin et faut donner son métier. Ce qui veut dire que j’ai le pouvoir d’annuler son mariage pour fausse déclaration. Tout comme le mariage de mon autre meilleure amie où j’étais également témoin et là, j’étais journaliste. Ma vie est tellement plus cool dans l’imaginaire de mes meilleures amies. Bref, lors du vin d’honneur, plusieurs personnes étaient venues s’enquérir de ce métier artistique et j’avais rougi en mode “non, mais c’est pas vrai”. Bah, si, c’est vrai ma paupiette. En temps normal, j’écris au moins une dizaine d’heures par semaine. Un peu plus en temps de nanowrimo. J’ai même publié deux romans, certes en auto-édition. Mais je n’ai pas à en rougir. Enfin, si, un peu parce que je ne l’ai pas fait sérieusement mais je pourrais y investir un peu plus de temps et d’énergie pour faire quelque chose d’à peu près propre.
Inventer un joli nom de métier
Alors, voilà, je pense qu’à partir de maintenant, quand on me demandera mon métier, je répondrai un truc un peu ésotérique comme créatrice d’histoires. Après tout, y a pas si longtemps, je jouais pas mal aux Playmobils. Faudrait que je reprenne mon compte, j’ai environ une cinquantaine de photos à poster. J’avais pensé à “créatrice d’émotions” mais ça pue trop la marketeuse, ça crame limite ma couverture. Ou tisseuse de mots comme ça, ça relie ma passion de l’écriture et des bracelets brésiliens.
Et là, je suis à CA de me créer un profil LinkedIn Nina Bartoldi avec cet intitulé de poste. Ca me permettrait de faire des liens vers mes articles, ça ferait plaisir à Google en plus. Mmm…