A la conquête de mon job de rêve
Ou pas. Le plot twist de guedin dès les premiers mots ! Avec ce “ou pas” qui terminait 95% des titres d’articles de blog circa 2010. Car oui, j’ai réalisé un truc cette semaine en glandant deux minutes pour LinkedIn vérifier qu’un recruteur ne voulait pas me débaucher en me donnant plein d’argent. Ce ne fut pas le cas. Par contre, j’ai eu une révélation : je sais même pas ce que c’est mon job de rêve. Et après, je m’étonne de stagner dans ma “carrière”. Entre guillemets, oui.
Je vis pas ma meilleure vie au bureau
Comme déjà dit, je ne vis pas ma meilleure vie au boulot, actuellement. Je me fais assez mal juger et ça commence à légèrement m’agacer. Ca m’a d’abord affecté en mode “je suis une petite crotte sèche”, je suis lentement en train de remonter sur le “non mais vous ne me méritez pas”. J’ai du mal avec le juste équilibre. Bon, en vrai, on s’en fout de ça car j’ai un plan. Rester jusqu’en octobre en prenant tout ce que je peux prendre. Là, je pars en vacances avec mon adoré pour trois semaines puis en rentrant… selon l’ambiance, je prendrai des décisions. J’ai une orientation, une deadline, c’est cool. Au pire, six mois à serrer les fesses, j’aurai un booty d’enfer.
Mais je veux faire quoi, en vérité ?
Sauf que derrière ce grand plan se dessine une vérité. Une vérité que je ne saisissais pas tout à fait jusqu’à tomber sur un post LinkedIn. Celui d’une coach de ma connaissance racontant le parcours d’une de ses coachées. Cette personne a levé le poing et dit “moi, je veux ce super poste”, s’est bougé le cul et a obtenu “le job de ses rêves”. Ah, sympa l’histoire. Et là, sans que je m’y attende, les abysses se sont ouvertes sous mes pieds et je suis tombée dans un gouffre… de perplexité. Analysant ma propre vie, j’ai réalisé non sans angoisse que j’avais aucune idée de ce qu’était mon job de rêve.
J’ai des idées de métier tous les jours
Enfin, si, des idées, j’en ai. Trop, même, je dirais. Ecrivaine, vidéaste, infographiste, Powerpoint artiste. Parfois, la fantaisie va plus loin, je me vois carrément (hypno)thérapeute ou gestionnaire de spa. Juste parce que j’aime l’eau et le parfum des huiles. Ou alors je deviens slasheuse et je fais tout ça. Evidemment, certains rêves confinent au délire ou du moins, à un lent apprentissage. Genre vidéaste, ok, je sais (vaguement) me servir d’Adobe Premiere mais c’est un peu court. Quant à infographiste… Bon.
Si seulement j’avais une vocation qui rapporte…
Il y a la vocation, la mienne est clairement de raconter des histoires. Je disais écrire mais c’est pas tant l’acte d’écriture qui m’intéresse que celui d’accoucher d’un récit. J’aime quand je trouve une jolie tournure de phrase ou une expression qui claque bien mais ce n’est pas mon but premier. J’ai des centaines d’histoires dans ma tête, je ressens le besoin de leur donner chair. Peu importe ce qu’il se passe après, finalement. Il y a l’envie, donc, et la réalité. J’en ai déjà parlé mais lors de mon bilan de compétences, mes choix ont été dictés par le stress financier. Je n’ai certes pas de difficultés d’argent mais je ne veux pas me rajouter cette charge mentale là. Je suis trop angoissée de nature pour ça.
L’envie puis l’ennui
Du coup, il se passe invariablement ce même cycle. Je crois identifier mon job de rêve, dans ma branche tout du moins. J’obtiens quelque chose d’approchant et au bout de quelques mois, quand j’ai acquis tous les rouages… Ca m’ennuie. Et en vrai, j’ai atteint mon plafond de verre. Je n’ai pas envie d’être directrice ou head of de quoi que ce soit. Ca ne m’intéresse pas. Déjà parce que j’ai envie d’avoir une vie en dehors du travail. Et ensuite, lécher de culs pour conserver ma place, les sourires hypocrites, please… Y a des gens qui sont très doués pour ça. Moi, non. Mais si je ne vise pas la marche supérieure, je suis censée viser quoi ?
Encore 20 ans à pas savoir que faire de ma vie ?
Le travail a toujours été une épine dans mon pied, un domaine dans lequel je ne m’épanouis pas. Parce que je ne veux pas en jouer les règles, essentiellement. Je m’ennuie vite, je trouve souvent les dramas très cons. On ne sauve pas des vies, calmez-vous un peu. J’ai pas forcément envie de faire des afterworks, réaliser en fréquentant les plus puissants qu’ils sont quand même bien incompétents. Jouer des règles qui me fatiguent pour aider à conserver leur pouvoir, non vraiment… Alors certains me diront que mon problème dans le monde pro, c’est pas tant de pas savoir quel est mon job de rêve que mon cynisme. Oui aussi. Mais toujours est-il que ça me déprime un peu de ne pas avoir un job de rêve, une étoile du nord. Parce que concrètement, ça veut dire que j’en ai encore pour 20 ans à me demander ce que je dois faire ensuite.
Les calculs sont pas bons
En vrai, l’équation est simple : je voudrais un job peinard et bien payé pour mettre de côté à fond et pouvoir prendre un taf qui me plaît plus mais potentiellement mal payé en ayant les reins très solides. Sauf que si je ne veux pas viser la marche plus haute, ça ne fonctionnera pas. On va pas me payer beaucoup pour un poste exécutif. Même si ce sont eux qui font la valeur mais ils ont pas le costard-cravate, tséé… Ah oui, mon cynisme, le revoilà. Le problème avec une équation branlante, c’est que c’est une source potentielle de frustration, de fatigue. De déprime, même.
On ne peut pas partir sur la base d’un truc qui n’arrivera jamais
Alors peut-être qu’il faut que je me pose vraiment la question sans poser des hypothèses improbables à base de je vais faire péter la caisse et je me permettrai tout. Ca ne peut pas arriver. Je veux bien qu’on me dise qu’il faut croire en ses rêves. Je dirais même que les rêves, c’est bien, c’est doux. Mais à un moment, faut se recentrer sur le réel, le concret. J’avais écrit un article il y a quelques temps sur la future moi qui n’existe pas et on est encore là. Bon, cet article précisément parlait du fait qu’on s’imaginait toujours que notre future moi plus mince aurait une meilleure vie mais… tu remplaces “mince” par “dans un autre job” et c’est pareil. Surtout que j’ai changé suffisamment de job pour savoir que c’est faux.
Repenser son rapport au travail
Donc, on fait quoi ? Je ne suis pas encore sûre mais… à défaut d’avoir un job de rêve, on va peut-être reposer quelques bases sur mon rapport au travail. Ca ne rendra pas les gens cons moins cons dans l’absolu. Et je côtoie du gratiné. Mais ça mettra un peu de lubrifiant dans ma mécanique quotidienne.