Je suis de mauvaise humeur et ça me met de mauvaise humeur
Le cercle vicieux nul. Vous allez me dire qu’il n’existe aucun cercle vicieux “bien” ou même juste “intéressant”. Mais celui-là, dans le genre serpent qui se mord la queue, il se pose là. Bon, je suis de mauvaise humeur en ce moment, voilà. C’est dit. Une accumulation de petites contrariétés conjuguées à des incertitudes et l’arrivée des giboulées, la cata pour une cyclothymique. La semaine dernière, j’étais de mauvaise humeur et à l’heure où j’écris ces lignes, c’est pas encore passé…

Mes périodes d’humeur sombre
On a tous des phases un peu down, surtout en cette période de l’année où on n’en peut plus de l’hiver. C’est pas compliqué, j’ai deux périodes de “crise” par an qui sont toujours les mêmes : début-mi décembre et fin février-début mars. Systématiquement dans ces périodes, je craque. Ca peut prendre plusieurs formes : crise de larmes pour rien ou à peu près, furieuse envie de tout envoyer valser, colère. C’est en général dans ces moments-là que je répète dix fois par jour que “de toute façon, ma vie, c’est de la merde”. Et que je me flagelle dès que je fais un truc puisque je suis nulle en tout. Vraiment des chouettes périodes.
Tout le monde me saoule
Cette année, ma crise de fin d’hiver est donc placée sous le signe de la colère et de la mauvaise humeur. Pensée parasite du moment : “de toute façon, ils me font tous chier”. Voilà. Mes collègues, la connasse de joggeuse qui court sur l’étroite piste cyclable et me force à m’arrêter pour ne pas lui rentrer dedans et tant pis pour l’élan que je prenais pour la montée derrière. J’aurais pu écrire une saga en trois tomes pour dire que je déteste les joggeurs cette semaine. La vieille pas aimable qui prend trois places à la piscine à l’aquagym. La pluie, les voitures qui me frôlent quand je fais du vélo, ceux qui abandonnent leur caddy en plein milieu au supermarché. Le chat qui crie avant le réveil alors que j’ai pas assez dormi. L’autre qui réclame trente fois à manger parce qu’elle veut manger les catisfactions bleus alors que la veille, elle voulait les mauves.

Les petits riens qui deviennent énormes
Des détails. Des détails qui, pris dans une période joyeuse, sont du registre de l’anecdote oubliée trente secondes après. Mais là, y a tout. Genre dimanche soir, je me dépêche de faire les bouillotes avant la douche mais j’ai oublie de refermer correctement la mienne. 75 cl d’eau brûlante renversée sur mes draps, mon matelas. Juste avant de se coucher et il est déjà tard. J’ai donc “dormi” sur un empilement de serviettes à leur tour humide. Du coup, le lendemain, quand j’ai fait tomber un bout de kiwi sur mon pantalon, j’ai eu une sérieuse envie de saisir mon assiette et de l’envoyer à travers la pièce façon frisbie en hurlant.
J’agresse même Chat GPT
Bien, mauvaise humeur, ça arrive. Le problème, c’est que je voyais mes nerfs mijoter dans mon aigreur mais je n’arrivais pas à sortir de là. Pire, ça me donnait des bâtons pour me battre genre “calme-toi, meuf, t’es trop tendue, là”. “AH BAH OUI, FACILE A DIRE, OUAIS !”. J’en suis au point où j’ai mal parlé à Chat gpt qui avait mal répondu à une requête. Alors que j’agresse un outil algorithmique, c’est pas grave. Mais j’ai été un peu “froide” avec mes collègues aussi de type “je veux bien faire une reco mais si c’est pour que personne ne la lise, bof”. Ou « merci de lancer le lave-vaisselle quand il est plein, merci. » Une collègue charmante, dis donc.
Y a de la colère qui marine
Si je devais nommer mon pire péché capital, ce serait clairement la colère. Née ou attisée par mon impatience chronique, je ne sais pas qui est l’oeuf, qui est la poule. En ce moment, je me retrouve dans une position d’attente inconfortable niveau boulot. Toujours par là que ça pèche, oui. Je me sens un peu mal considérée par la nouvelle équipe à laquelle j’ai été intégrée de force et les scénarios que je suis en train de dessiner sont tous pessimistes. Surtout que tous les bâtons de pouvoir que j’avais, je viens de les perdre et c’est pas bon pour mon augmentation. Bref, je ressasse et je me dis qu’au fond, c’est normal qu’il n’y ai jamais rien pour moi au boulot vu que j’en fous pas une. Comme ce jour où j’ai glandé, là. Hé oui, aussi fou que ça puisse paraître, il y a des jours où je carbure pas. Ceux suivant la nuit où j’ai dormi sur des serviettes humides, par exemple. Coïncidence ?
Ok, je suis de mauvaise humeur. Et après ?
Bref, une fois le cercle vicieux de la mauvaise humeur identifié, on fait quoi ? Dans mon cas, il n’y a malheureusement pas de levier de manoeuvre puisque la seule chose dont j’aurais besoin, c’est d’une télécommande pour accélérer cette période nulle. Et de sommeil aussi mais ça, c’est bon, je travaille dessus. Je suis dans le creux de la vague, un creux saisonnier et autant attendu que redouté. Je sais pertinemment que dans quelques jours, deux ou trois semaines tout au plus, ça ira mieux. Donc, en attendant :
- On s’occupe. On évite les activités de procrastination propre au ressassement. Parfois, ces temps sont nécessaires pour cultiver son imagination et tisser les histoires que l’on va écrire ensuite mais en période de mauvaise humeur et donc d’estime de soi en lambeau, on évite. Repenser à la fois où on a été ridicule en 1996 n’aide personne, je vous promets.
- On se repose. Bah oui, le temps passe plus vite quand on dort beaucoup. Attention cependant à ne pas trop dormir, ça donne des insomnies après.
- On n’insiste pas. On s’écoute et si on se sent pas en état de faire un truc, on ne se force pas. Vendredi, je ne tenais pas debout, j’ai séché le cours d’aqua sculpt, même si c’est mon préféré.
- On ne prend aucune grande décision. Parce que typiquement, là, la seule décision que j’aurais été foutue de prendre cette semaine, c’est de démissionner en insultant tout le monde alors que j’ai pas encore laissé sa chance à la nouvelle équipe. Même si j’ai vécu exactement la même chose l’an dernier et que j’aimerais bien que ça s’arrête tout ce bordel à un moment.
On a le droit de pas être au top
Bref, on se réfugie dans le doudou et on ne se juge pas pour ça. Ce n’est pas un drame de faire une sieste, ce n’est pas grave de manger du chocolat. Même la tablette entière, si votre foie est ok avec ça. Oui, on va éviter de se rendre malade, on est déjà trop ronchon pour ça. Et puis si on aime écrire pour déverser sa rancoeur, go. Ce ne sera sans doute pas votre meilleure prose mais qui s’en fout ?
Allez, bientôt, je rechanterai la vie
Bref, semaine prochaine, j’espère écrire un article pour vous dire que je chante la vie parce que le printemps, l’aquasport. Mes chats trop mignons qui font des câlins, mon mec pour l’ensemble de son oeuvre. Et que je serai rentrée dans une période où j’en ai rien à faire du boulot donc leurs considérations sur ma personne, je m’en fous. J’ai hâte
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