L’effet barnum ou comment je me crois atteinte de tous les maux
J’ai utilisé le mot “maux” de façon abusive et rapide, je m’en excuse. Comment ça va, vous ? Ecoutez, moi, la forme. Je suis au chômage J-5 quand se publie cet article et j’ai hâte. Car plot twist : je les déteeeeeeste. Cette période de ma vie rime avec l’introspection. Je vois un psy et une hypnothérapeute pour me guérir de mes traumatismes pros, youpi. Et du coup, je m’interroge sur ce qui pourrait clocher chez moi. Ca tombe bien, Internet a beaucoup trop de réponses à me donner. Et grâce à l’effet Barnum, je pense que je suis HPI, hypersensible, TDAH et peut-être même un peu autiste.
Une vision biaisée de la neuroatypie
Alors je reprécise : je ne sais pas si je suis neuroatypique. Cet article n’a ni pour vocation de répondre à cette question. Ni de fantasmer une quelconque dimension neuroatypique en fonction de ce qu’on peut voir dans les fictions. Parce que dans les fictions, les neuroatypiques sont souvent vus par le prisme de l’intelligence hors norme. Intelligence qui semble les excuser d’être de parfaits trous du cul, trope qui me fait vriller à chaque fois. Ce qui est d’autant plus drôle quand on voit comment est traitée une activiste autiste dans la vraie vie. Sheldon Cooper, oui, Greta Thunberg non. Point boussole cassée.
Je suis pas faite pour cette société
Le truc, c’est qu’on croit tous qu’on a “un grain”, comme on dit vulgairement. Qu’on n’est pas calibrés pour cette société. Forcément, il doit exister une explication. On n’est pas câblés pareil. Et pour certains, c’est vrai, d’ailleurs. Mais si on est autant à penser qu’on n’a pas le bon mode de fonctionnement, c’est peut-être qu’à un moment, le problème vient plus du dénominateur commun à nous tous que de chaque individu. Le problème, c’est la société. Qui a mauvaise haleine. Je dirais même le capitalisme individualiste mais cet article a déjà pris une teinte bien rouge pour mon blog “bien-être et choubidou”. Toujours est-il qu’on se retrouve à danser la macarena sans connaître les pas alors que tout le monde a l’air de gérer et on cherche à comprendre ce qu’il se passe.
Moi, TDAH ?
C’est là qu’intervient l’effet barnum. Parlons réseaux sociaux. De temps en temps, dans mes plages d’ennui, je scrolle. Notamment sur Instagram où on peut très vite tomber sur des carrousels de coachs en ce que vous voulez. C’est ainsi que je découvre par hasard un compte dédié au TDAH. Par hasard, ça reste à prouver puisque on avait parlé de ce sujet avec ma soeur la veille, mon neveu en étant à priori victime. A priori comme dans “le psy que voit mon neveu valide le diagnostic mais y a pas eu de reconnaissance officielle”, pas comme dans “ma soeur pense que”. Bref, le mot TDAH a été prononcé dans l’environnement de mon téléphone. Et le lendemain, j’ai une petite BD qui fait un distingo entre faux TDAH, le TDAH heureux, et le vrai TDAH, celui qui rend triste. Ah tiens, la notion de TDAH heureux, ça m’avait échappé…
Trois vagues traits de caractère
Alors forcément, je lis et waouh, je me reconnais dans quasi tous les symptômes. Parce que je suis TDAH ? Non, plutôt en lien avec l’effet barnum. Alors, c’est quoi l’effet barnum ? Cinquième paragraphe, il était temps de définir, oui. L’effet barnum, c’est le fait de valider une description vague de traits de caractères comme étant notre vérité. Typiquement, les horoscopes des magazines se reposent entièrement sur l’effet barnum. Ah, les poissons sont des gens calmes alors que les lions sont fiers, les béliers fonceurs, les taureaux têtus… Ce qui veut dire que si ma mère avait accouché environ 15 jours plus tôt ou plus tard, j’aurais pu avoir une personnalité totalement différente. Ma soeur aurait accouché un jour plus tard de Plume, celle-ci aurait été scorpion et pas balance et sa vie aurait été changée. Surtout que si j’en crois les portraits des balances et des scorpions, Plume est carrément team scorpion… Ou alors team “petite dernière à qui on passe tout et encouragée dans sa fantaisie”, allez savoir.

Oh mais je coche des cases sur la liste
Donc on va avoir de vagues traits qu’on va forcément reconnaître. Oui, de voir des gens, ça me fatigue. Ah, tiens, ne serais-je pas introvertie ? Sauf que mes séances chez le psy sont en train de me révéler de façon assez inattendue que j’aime la vie en société. Ah ? Je me perds parfois dans les applis de téléphone parce que dopamine et récompense immédiate. J’ai parfois des difficultés de concentration… Omagad, je suis totalement TDAH. Ou alors j’ai épisodiquement des difficultés de concentration à cause d’une grosse fatigue ou d’un burn-out. Je le note bien plus que quand je suis normalement concentrée et que tout roule. Evidemment qu’une addiction se crée avec les applis mobiles. Elles sont pensées pour ça. De la même façon, j’ai découvert que le fait de ne pas supporter les étiquettes de vêtements étaient un trait autistique. Je les découpe, arrache systématiquement. Autiste moi ? C’est plutôt que j’ai le derme sensible. Hypersensible alors ? On s’en sort pas !
Mais tout le monde n’est pas comme ça ?
Dans l’absolu, je trouve important que l’on parle de toutes ces neuroatypies, d’autant que je pense que chaque individu a des traits neuroatypiques. Et je ne serai pas dans le camp de ceux qui ne croient pas l’auto-diagnostic parce que ça cache souvent un classisme limite méchant. Pour ma part, à cause de l’effet Barnum, je me reconnais vaguement dans un peu toutes ces neuroatypies même s’il y a toujours un “ah non, ça, pas du tout”. Typiquement sur le TDAH, je suis effectivement accro à la récompense immédiate mais ça, je pense vraiment que c’est la société qui nous a poussé à ça. Oui, je procrastine à balle, j’ai du mal à démarrer les tâches mais plot twist, il semble que j’ai plus un problème de perfection que d’attention. Oui, j’ai besoin de calme pour me ressourcer, j’ai un monde intérieur très riche et je cherche des interactions sociales de qualité avant tout mais… Déjà, le dernier, je pense que ça marche pour tout le monde. Et me recharger dans le calme est peut-être plus liée à mon hypersensibilité au bruit qu’autre chose. Oui, ça, c’est diagnostiqué, par contre. Quant à mon imagination débordante, je sais pas à quoi elle est due mais je compte bien la garder telle quelle.

Attention à qui veut vous vendre quoi ?
En fait, comme les horoscopes et voyants, il faut voir qui parle. Sur les carrousels et BD Instagram, il y a souvent un coach derrière. Soit un commerçant qui veut nous vendre un suivi, un coaching. Sans aller jusqu’à dire que ces gens sont des charlatans, ces troubles de la personnalité existent, contrairement aux personnalités selon les signes astro, il faut rester méfiant. Il est important de prendre sa santé mentale en considération et si une dimension de votre personnalité vous cause du tort d’une façon ou d’une autre, il est important de creuser pour comprendre. Mais faites-le de façon raisonnée et en étant bien entourée. Parce que l’effet barnum vous fera penser que vous êtes HPI, TDAH, introvertie… alors que vous n’avez peut-être pas le bon diagnostic. Et s’attacher à une étiquette qui ne serait pas la bonne ne vous aidera pas à progresser.
Fatigue et coupure de papier
En tout cas, une chose est sûre : si vous vous coupez parfois avec du papier et que vous vous sentez parfois fatiguée, c’est que vous êtes intolérants au gluten.