Il faudrait arrêter d’avoir peur

Il faudrait arrêter d’avoir peur

Bonjour, je suis au chômage. Et qui dit chômage dit beaucoup de temps de cerveau disponible pour se scruter le nombril. Et encore, j’ai pas lancé ma résolution d’écrire un journal intime car j’ai pas encore réussi à l’intégrer dans ma routine. Mais ça va venir. Et en ce moment, je remue, je remue. Surtout au niveau pro, de bien entendu. Surtout que là, je déménage mes vieux articles de journal de démissionnaire et tout, je narre mon histoire chez Epicea et vraiment, je suis toujours un peu estomaquée par la malchance qui a guidé ma vie pro. Enfin, il n’y a pas que ça. Il y a un autre élément qui me guide et me pousse parfois à prendre de mauvaises décision : la peur. 

Rongée par la peur
(c) Alexander Kriviskiy

Pitié, donnez-moi du travail !

Je n’ai pas appris à avoir confiance en moi. Comme la plupart des femmes. Quand je cherche du boulot, je me place toujours en position d’infériorité, bien malgré moi. Un recrutement, c’est une rencontre, pas un acte de charité. Je n’envisage jamais le prisme de ce que, moi, je pourrais apporter à l’entreprise. C’est toujours “pitié, prenez-moi, je suis nulle mais promis, je donnerai tout”. C’est quasi ça. Et encore, je veux tellement éviter les malentendus qu’une fois, en entretien, une recruteuse de cabinet de recrutement m’a dit “ok, très bien mais je vous ai demandé de me dire ce que vous saviez faire, pas ce que vous ne maîtrisiez pas”. Oups ! Mais la vérité, c’est que j’ai toujours peur de me survendre et de me retrouver dans l’angoisse de ne pas savoir faire. Traumatisme de chez Vinyl, peut-être, où j’ai dû apprendre un métier en un temps record. Et me faire insulter car j’étais pas parfaite sur ce rôle qui n’était pas le mien. 

Une mauvaise décision qui coûte cher

Et cette peur me rend très vulnérable. De un, j’accepte un peu n’importe quoi “par sécurité”. Typiquement mon job bordelais. Mauvaise paye (je perdais 20%), régression dans mes fonctions. Alors que j’avais chopé une rupture conventionnelle chez Epicea donc aucun besoin impérieux d’accepter. Mon mec m’a dit de refuser la proposition mais j’ai pas eu le courage. C’était plus simple, me semblait-il. Résultat : cramée en à peine trois mois, de la rancoeur et de la perte financière. Le bilan de compétences que j’envisageais avant d’avoir cette proposition d’emploi a été décalée de six mois. Les calculs n’étaient clairement pas bons. On peut se tromper, ce n’est pas ça le souci. Le souci, c’est que j’ai accepté un poste que j’aurais dû objectivement refuser et ce pour de mauvaises raisons. Pour faire plaisir mais aussi par peur du chômage. Alors que là, ça fait six mois que je suis au chômage et je fais plein de choses. Notamment chercher activement un nouveau job, ahah.

Chercher du travail
(c) Agence Olloweb

Meuf insécure et manager toxique

Mais surtout, je pense que ma peur se sent et que ça explique pourquoi je me fais recruter par des managers toxiques. Et on revient à un vieil entretien passé il y a environ 13 ans (…) où un mec en cabinet m’avait dit “vous êtes super mais on sent que vous êtes passionnée et on vous aura pour pas cher”. Ca m’avait fait un peu ricaner car j’ai jamais eu la flamme pour ce métier. Mais : 

  • On revient sur le fais plaisir où je veux flatter le recruteur pour qu’il me donne une chance.
  • Syndrome de l’imposteur, je surjoue la confiance et j’en fais un peu trop

Résultat : je pue la meuf insécure. Et vous savez ce que les gens toxiques aiment ? Les personnalités insécures. Quand je découvre des histoires à base de mecs toxiques qui sont tombés sur une meuf qu’ils ont manipulé pour la soumettre, je suis toujours “Ah mais ces sales types, ils ont un seul don : déceler des meufs qui ont des failles”. Et bah, c’est la même pour moi, finalement. Les recruteurs sentent la faille. Et dans le cas de ma dernière expérience, l’agence recrutait beaucoup de gens en mode “viens, tu connais pas le métier, on va te l’apprendre”. C’est faux. 

Peur d’être nulle

Alors évidemment, j’ai aussi joué de malchance. Notamment avec la terrible Vanessa qui est arrivée après mon recrutement mais je pense qu’on sent ma peur et qu’on sent la fille malléable qui va en faire le double pour espérer être à la hauteur. Clairement, ma peur est ma plus grande faiblesse. Elle me pousse à mentir en entretien genre à me montrer surmotivée sur des postes qui me motivent moyen moins. Voire qui m’emmerderaient car le bureau est placé loin de chez moi et que le télétravail, pour eux, c’est bof. J’adore tellement passer ma vie dans les transports, hihi. J’ai peur qu’on ne veuille pas de moi, qu’on ne me trouve pas à la hauteur. J’ai peur du coup de hâche dans la faille narcissique. Littéralement. 

Coup de hâche dans la faille narcissique
(c) Abby Savage

Mais qu’est-ce qui t’angoisse en vrai ?

Cette histoire de coup de hache dans la faille narcissique, c’est tout ce qui me fait prendre de mauvaises décisions. J’ai peur qu’on me trouve nulle, incompétente. J’ai peur qu’on pense que je suis une ratée. Alors qu’objectivement, rien de tout ça n’est grave. L’incompétence, c’est relatif. Y a des postes où je serai effectivement incompétente vu que je ne sais pas faire. Franchement, dans nos métier, plus tu restes dans la même boîte, plus l’écart entre ton poste de base et ton poste d’arrivée est colossal. Sans même parler de progression hiérarchique, je parle de pur savoir. J’ai commencé le community management, y avait aucun réseau social, que des forums et blogs. J’ai arrêté le community management y a 5 ans, je suis totalement dépassée. Je ne connais toujours pas Tiktok et ce réseau me fait peur. Peur de me faire aspirer dans un océan de procrastination comme les pires heures de ma fatigue, quoi. Déjà que je regarde beaucoup trop de vidéos de type “hack de la vraie vie” en me demandant à chaque fois quel est l’intérêt de ce qu’on me montre. Quand j’ai commencé ce métier-là, le métier était essentiellement écrit avec quelques illustrations. Aujourd’hui, si tu maîtrises pas la vidéo, c’est mort. Quant à être nulle ou ratée… On sera toujours lae nul.le de quelqu’un, en fait. Pourquoi ça m’angoisse comme ça ?

Je joue un rôle

J’ai pas encore creusé plus que ça. J’ai peur des situations (le chômage alors que finalement…), des difficultés, de l’échec. Je choisis ce qui me paraît être la solution de facilité et souvent, j’enclenche par là la spirale de l’échec, finalement. Et puis y a une peur d’être rejetée mais pas tant pour ce que je suis au fond de moi mais parce que je pense qu’il faut que je sois. Une professionnelle investie. Il y a une grosse doxa libérale là-dedans que j’ai absorbé bien malgré moi ici. J’ai longtemps méprisé les gens sans ambition, les gens qui se contentent d’un job pépère sans évolution particulière. Alors qu’on va pas se mentir, je suis carrément comme ça. Aujourd’hui, je veux bien gagner un salaire pépos’ pour pouvoir vivre une autre vie à côté. Celle où j’écris, je dessine, je nage au lac avec le goût de la mûre sauvage en bouche. Celle où je blinde mes bas de laine pour prendre ma retraite au plus tôt. 

Jouer un rôle
(c) Igor Starkov

Allez, ciao la peur !

Bref, il est temps de partir en guerre contre ma peur qui me fait prendre de mauvaises décisions et cause environ 90% de mes malheurs. Voire 100% par moment vu qu’on va pas se mentir, le seul truc qui m’empêche d’être heureuse, c’est le travail. La peur et le déphasage de ce que je suis vs ce que je crois que je suis censée être. Excellente idée d’article, ça, tiens… 

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